vendredi 3 février 2012

Rater son entretien en 5 étapes.

D'abord qu'on s'mette d'accord. Quand j'évoque le mot "entretien", ça sous-entend le type de rendez-vous comportant un enjeu certain pour ton avenir professionnel. Le genre de truc qui peut boulverser ta vie FOREVER.
Ca va de soi, j'vais quand même pas t'apprendre comment faire fleurir les capitons sur ton cuissot-jambon. On sait tous que le secret des championnes c'est la pâte de Speculoos.

Ready for la loose? YEAP/NOPE (raye mentalement la mention inutile).




Etape n°1 (pré-pré-pré-pré-loose) : TOMBER SUR LE SAINT GRAAL.


Tu viens de repérer l'offre du siècle: une offre de stage rémunéré dans le temple du cool que tu "Like" comme 23 122 autres personnes.



T'es un peu en mode loose depuis la rentrée parce que ton corps rejette les études que tu as choisies (l'overdose de juin dernier était donc un avertissement).
Tu te "cherches", comme dit ta mère au téléphone lorsqu'est venue l'heure de relater la situation individuelle de chaque membre de sa famille à un autre membre de sa famille (son frère par exemple). Tu espères d'ailleurs te trouver incessamment sous peu (parce que bon bah voilà quoi).




Tu te dis alors que cette offre, c'est peut-être bien l'occasion de le faire et tu vois en elle le Saint Graal, la promesse d'une aventure excitante et potentiellement d'un avenir professionnel chatoyant. 

Tu relis l'offre 15 fois. Non pas pour l'apprendre par coeur mais pour être sûr(e) que tu corresponds bien au profil recherché. Si tu hôches la tête sur la majorité (écrasante) des points énoncés dans l'offre à propos de ce qu'ils attendent de toi, candidate. Si tu souris en visualisant ce qui t'attend à l'issue d'une hypothétique intégration dans cette boîte qui te fait fantasmer, candidate. Vraiment.







Etape N°2 (pré-pré-pré-loose): BORIS VIAN DANS LE SANG.

Voilà, c'est l'heure de candidater, pour de vrai. Tu te mets à douter, pour de vrai. Tu lis ton CV dépouillé déjà prêt en te disant que tu vas devoir tout donner pour ta lettre de motivation. Genre vraiment tout (mais pas ton cul quand même). 
Tu entreprends alors une danse de la pluie pour que l'inspiration s'abatte sur toi (il fait, de toute façon, déjà un temps de merde).



Les premiers mots sont difficiles à taper (oui, c'est une candidature mailée pour une boîte qui vit avec son temps) parce que tu sais pas trop par où il faut commencer pour bien se vendre.
Tu dois être un minimum formel(le), quand même, tout en sachant faire preuve de créativité parce que ce temple du cool avec des gens cools qui créent des trucs cools que tu trouves très cools, bah il se mérite.

Tu frôles l'angoisse de la page blanche pendant 5 minutes et puis l'inspiration finit pas s'abattre sur toi (oui, la danse de la pluie, ça marche).
Le sang de Boris Vian coule dans tes veines. Tu alignes les caractères avec frénésie. Ta lettre de motivation sera un best-seller. Enfin nan peut-être pas mais elle est bien quand même.
Après 48 relectures, 14 mots changés, 8 minutes à songer si cette 33ème virgule est bien nécessaire et 27 minutes à te demander "c'est bon, j'peux l'envoyer là, nan?", c'est bon tu l'envoies.






Etape n°3 (pré-pré-loose) : ARRÊTER DE CROIRE QUE SFR TE HARCELE.


Ta candidature mailée, la balle n'est désormais plus dans ton camp, t'as plus qu'à prier. Et à attendre. Et à te détendre. Pour ce faire, tu pars vider le ballon d'eau chaude, en toute impunité, en niquant tous les ours polaires à l'agonie parce que t'es trop un(e) rebelle (mais tu te rattrapes en faisant un don à la WWF tous les 29 février, enfin, sauf cette année).

20 minutes plus tard, alors que t'es en plein playback (avec chorégraphie) sur du Lykke Li pendant que l'eau chaude s'occupe de te fripper les doigts et de rougir le reste de ton body, un appel vient stopper ta prestation. 
Tu checkes alors l'écran de ton iPhone qui vibre sourdement au lieu de cracher du Lykke. Un numéro inconnu de ton répertoire s'affiche. Tu es soudain tiraillé(e): "Azy, j'réponds ou quoi?".
Tu hésites en pensant que c'est un énième appel du service client SFR qui te harcèle pour que tu répondes (peut-être) ENFIN à leur enquête de "satisfaction".
Comme t'es quand même pas bien sûr(e), tu décroches en te disant que de toute façon, si c'est SFR, tu pourras toujours les envoyer se faire foutre (parce que non, depuis Free, t'es pas franchement satisfait(e) de cracher 60 balles tous les mois).
Et puis là, SURPRISE TOTALE. C'est le temple du cool au bout du fil (CIMER BORIS VIAN).


Il veut convenir d'un rendez-vous avec toi. Il te propose demain, t'as rien de prévu, tu dis oui.  DEMAIN, TU AS UN ENTRETIEN AVEC LE TEMPLE DU COOL.







Etape n°4 (pré-loose) : TESTER TON HUMOUR SUR DES INCONNUS.


L'heure du rendez-vous approche. T'es en bas de l'immeuble avec 20 minutes d'avance (c'est fou). Tu fais les cent pas (sur place) en te demandant si tu dois monter maintenant ou attendre encore un peu. Histoire de pas être trop en avance t'sais. Tu cogites, tu flippes, tu stresses, t'angoisses, tu montes.

Avant de sonner à la porte du temple du cool, tu prends une grande inspiration. Etonnamment, tu n'as pas envie de t'enfuir comme tu aurais pu le croire, au contraire, tu es très excité(e) de découvrir ce qui t'attend.

Tu sonnes, la porte s'ouvre, tu rentres et dès la première seconde tu t'dis "putain, c'est là, c'est LA que j'veux bosser". Tu souhaites donc, du plus profond de ton petit coeur, ne pas tout foirer.
Tu salues les gens que tu croises avec  le sourire. Un grand sourire moitié niais/moitié crispée (mais sincère) parce que t'as le stress en toi et que t'es un plutôt impressionné(e).





Mais t'inquiète pas, ce sera toujours mieux que de faire la gueule.

Comme t'es en avance et que tu n'es pas le seul rendez-vous de la journée, tu patientes dans le fauteuil qu'on t'offre. Des gens cools du temple du cool se détendent devant toi. Tu souhaites intéragir avec eux (parce que tu aimes les gens, parfois). De manière naturelle. Mais c'est difficile. Ils tentent d'intéragir avec toi. Tu leur fais un sourire (toujours moitié niais/moitié crispé mais toujours sincère).
Et là, tu tentes de rebondir sur une de leurs phrases qui t'étaient adressées en faisant de l'humour. BAD IDEA (+ FAIL). Ton humour n'est pas apprécié et on te le fait gentiment comprendre. Oui, tu aurais mieux fait de fermer ta gueule. D'ailleurs, en y repensant, ta blague était naze.




Donc LA, t'as envie de t'enfuir (ou de rembobiner sauf c'est pas trop bien possible). Mais tu restes parce que t'es pas un(e) looseur (-se) (enfin, pas encore quoi). Et puis d'ailleurs, la fille cool du temple du cool que t'as eu au téléphone la veille vient te chercher pour l'entretien.





Etape n°5 (loose) : AVOIR LE Q.I D'UNE HUÎTRE.


Légèrement destabilisé(e) par ce qu'il vient de se passer, t'as l'impression d'avoir tout foiré avant l'heure alors t'es pas super paisible pour l'entretien qui va débuter. Même si la fille cool du temple du cool que t'as eu au téléphone la veille t'accueille à la cool. 

Elle ne fait rien pour te mettre la pression et pourtant, bien malgré toi, une fois assis(e) dans le bureau, tu te retrouves instantanément avec le Q.I d'une huître. Tes neurones ont pris la fuite, les bâtards. Te laissant seul(e) avec ton sourire moitié niais/moitié crispé (mais toujours sincère parce que t'es super heureux (-se) d'être là).



Et puis là, la fille cool du temple du cool que t'as eu au téléphone la veille se met à te poser des questions. Auxquelles tu vas devoir répondre.




La base d'un entretien quoi. Sauf que t'as jamais passé d'entretien. Dès la première question, tu te dis que t'aurais du aller faire un tour sur l'étudiant.fr pour préparer une stratégie offensive de winner. Mais ça ne t'avait pas effleuré l'esprit. Jusqu'à maintenant. Maintenant que t'es dans la merde parce que les câbles se touchent plus là-haut.
T'essaye de meubler tes réponses en maintenant le taux d'absurdité au plus bas mais comme ça merde au niveau de tes synapses, c'est plutôt difficile. T'as l'air d'un(-e) teubé et tes réponses sont aussi pertinentes que les auraient été celles d'Eve Angeli.




Avoir un Q.I d'huître, c'est fâcheux. D'autant plus quand la fille cool du temple du cool que t'as eu au téléphone la veille te pose l'ultime question (bateau) : qualités/défauts. Tu dois en trouver 3 de chaque. 3 pas 15. Ce n'est donc a priori pas insurmontable. Enfin, tant que t'as pas le Q.I d'une huître doublé d'une incapacité d'introspection parce que dans ce cas-là, tu trouveras rien de plus intelligent que de sortir des qualités/défauts dépeignant un portrait peu valorisant de toi et de surcroît contradictoires. T'as donc maintenant l'air d'un(e) teubé ultime.




C'est dommage parce qu'avec une semaine de recul (pendant laquelle tu as ruminé ton échec et fantasmé une version idéale de cet entretien), tu as trouvé les 3 qualités/défauts qui te correspondent VRAIMENT (curieuse, généreuse, enjouée / timide, stressée, tête-en-l'air).

Fin du fiasco, la fille cool du temple du cool que t'as eu au téléphone la veille et devant laquelle tu t'es rétamé(e) te raccompagne jusqu'à la porte. Tu salues de nouveau tous les gens cools du temple du cool que tu croises en ayant le sentiment déchirant de leur dire adieu.





Une fois dehors, la pression retombe, ton Q.I d'huître s'envole (ALLELUIA) avec ton estime de toi (FUCK). Oui, tu es déçu(e) de toi. Au moins autant que le jour où t'as raté ton bac (visiblement, t'avais aussi un Q.I d'huître ce jour-là).


Mais t'es surtout vénère contre toi-même (et contre tous les fruits de mer de la planète) d'avoir tout foiré. C'était pas dans tes projets bordel.  FUCK quoi.
L'espace d'un instant, sur le palier, tu songes même à descendre les étages autrement que par l'ascenceur ou les escaliers mais t'es pas d'un naturel suicidaire. Par ailleurs, tu te rappelles la phrase de ce célèbre philosophe qui a dit un jour : "mourir, c'est pas facile". 

Tu es de toute façon, quelqu'un de fondamentalement fataliste, tu gardes donc la pêche, la foi en ton destin et conserve une once d'espoir tant que le fail n'est pas définitivement officiel. Tu continues même de croiser les doigts (très fort) en espérant (très fort) que le dragon de 2012 te file un coup de pouce.






  KISSLOVEPEACEDANSTONCOEURCHAUD.

2 commentaires:

Léopoldine a dit…

argh j'espère vraiment que tu te trompes sur tes prouesses et que tu vas réussir à avoir ce stage ! :)
A bientôt !

Floriane a dit…

Cimer <3